Trail des Aiguilles Rouges 2016: Compte rendu d'Olive
C’est lors d’une fraiche soirée d’hiver qu’@rno et moi, verre de chartreuse à la main, nous décidons de nous inscrire pour le trail des aiguilles rouges. Ce trail me faisait envie depuis pas mal de temps, courir face au Mont Blanc, ça fait quand même un peu rêver !!
6 mois plus tard nous voici donc sur la place du triangle de l’amitié à Chamonix pour retirer nos dossards : y a du monde, du bruit, les montagnes autour sont sublimées par le coucher du soleil sur Chamonix… y a de l’ambiance… l’envie et l’excitation monte!
On profite en terrasse des derniers rayons de soleil sur le Mont Blanc et on rentre manger et se coucher (presque) sagement.
Le sac d'@rno est prêt! Y a plus qu'a tout mettre dedans!
3h du matin le réveil sonne… plus que le manque de sommeil, c’est le repas de la veille qui me pèse… s’attaquer au petit déjeuner alors qu’on se sent encore en pleine digestion, ce n’est pas simple… bref on mange quand même un bout et on sort pour se rendre sur la ligne de départ.
On croise plusieurs groupes de fêtards devant des boites de nuits… le contraste est plutôt drôle !
Sur la ligne départ on se sent un peu plus dans notre élément, y a du monde, le speaker fait gentiment monter la pression.
On patiente un peu, il fait frais mais pas froid, ideal pour courir. 5min avant le depart les hauts parleurs commencent à cracher du Muse de plus en plus fort, le décompte est lance: 10,9,8,7…. FEU !!!!!!! Il est 4h30 et les 650 coureurs sont lâchés pour affronter les 51km avec 4000m de denivelé!
Là il faut vraiment aimer la montagne parce qu'on va en bouffer!
Notre stratégie est simple avec @rno : on part doucement pour pas se griller et on reste ensemble le plus longtemps possible. On fait 3km dans Chamonix, toutes ces frontales allumées donnent l'illusion d'une nuée de lucioles qui s’étire petit à petit et finit par se mettre en file indienne pour attaquer un petit single à travers la forêt. Il fait pas encore jour et déja c'est beau!
Par contre ça bouchonne un peu sur le chemin, pas possible de doubler, toute façon on en a pas vraiment l’intention pour le moment. Après une petite heure de montée on bascule vers le premier ravito du Plan de la Cry.
On réalise alors qu’il n y a pas grand monde derrière nous… effectivement on apprendra plus tard qu’on pointe alors au ravito (9km/ 700mD+ parcourus) delà de la 500eme place… On refait le plein d’eau et on repart. @rno commence à lâcher un peu les chevaux dans la descente, le chemin en sous-bois n’est pas vraiment technique et assez large, on double facilement sans vraiment forcer jusqu’au pied de la terrible montée vers le Brévent : 1300m à avaler en 8km.
On prend un rythme correct et on continue à remonter du monde jusqu’à sortir de la forêt. Le jour commence alors à se lever dévoilant les massifs montagneux… impressionnant.
On continue jusqu’à attaquer une petite vire qui nous fait faire un demi-tour, et là il apparait, face à nous, gigantesque, impressionnant, massif : Le Mont Blanc.
Dans cette montée tout le monde souffre, mais tout le monde a le sourire. Le réveil à 3h du mat’, le ventre lourd, le manque de sommeil, tout est oublié, on est venu là pour ça : en prendre plein les yeux.
Quelques pauses photo et on atteint l’Aiguillette des Ouches (16km/1900m D+), on a alors repris plus de 100 concurrents depuis le dernier ravito. On repart dans une légère descente avant de remonter vers le Brévent.
A ce moment-là je me rends compte qu’@rno est en grande forme, il enchaine les changements de rythmes sans soucis alors que de mon côté je mets une paire de minutes à m’adapter à chaque variation du profil. Il m’attend un peu de temps en temps mais ça va je suis dans le rythme.
On atteint alors le deuxième ravito en ayant encore grappillé une trentaine de places (20km/2200mD+). Notre strategie de depart tranquille semble payante. On prend un peu plus notre temps pour bien manger quitte à reculer dans le classement et on se lance dans la descente…
Enfin la descente… ça ressemble plus à une via ferrata qu’à un trail… on passe quelques blocs verticaux à l’aide d’échelles métalliques et de mains courantes… là faut pas glisser… Le chemin redevient praticable et on peut enfin se lancer. On part fort et on double, on double, on double, la descente est plutôt technique avec énormément de rochers qui nous forcent à enchainer les sauts au milieu de notre course, moi dans le role d'un petit cabris et @rno celui d'un gros bouquetin, difference de gabarit oblige!!!
Quoi qu'il en soit, je me régale, je lâche tout même si je sais que je risque de le payer. On arrive alors à Pramplaz en ayant gagné une quinzaine de places et on repart dans la montée vers le ravito suivant à L’index.
Il est 9h30 et alors que nous courons depuis plus de 5h, les gens normaux se levent et nos telephones commencent à bipper. Pybé et Caro nous envoient quelques SMS d'encouragement et grace au suivi live sur le site de la course nous donnent notre classement à chaque check point. ça c'est vraiment bon pour le moral!
C'est beau!!! Mais faut quand même aimer la caillasse....
La différence de forme entre @rno et moi se fait vraiment sentir à ce moment-là ; il prend de l‘avance petit à petit et j’ai du mal à revenir. Je ne me sens pas mal du tout, mais j'ai tout simplement pas sa caisse. Je ne m'affole pas et surtout ne me grille pas à essayer de le suivre, on est juste à mi-course. On arrive alors sur une crête, le paysage est magnifique, Arno prend même le temps de se faire photographier par une randonneuse… j’arrive juste à temps pour me glisser sur la photo.
A ce moment-là on est plus sur un chemin mais que sur du rocher, on passe de blocs en blocs. J’adore ce genre de terrain mais monter ces grosses marches me fait de plus en plus mal aux cuisses, je suis obligé de bien viser entre les blocs pour faire des pas le plus petits possibles. C’est beau, je me régale même si je souffre un peu, mais je commence à me faire du souci pour les barrières horaires… en plus d ‘une heure on a fait moins de 3km… on n’avance pas. Heureusement ça ne dure pas et ça redevient un peu plus roulant.
Le Lac Cornu
Arrivée à l'Index
On finit par arriver au ravito de l’Index (28km/ 2900mD+), on refait le plein d’eau et on mange un bout, devant nous la plus grosse difficulté de la journée (selon moi) nous attend : la descente vers l’Argentière, 1300m de dénivelé négatif à avaler d’un trait. Je pars doucement car je sais que ça va être long. On a beau reprendre pas mal de coureurs, au milieu de la descente, @rno me passe et prend de l’avance. Il est déchainé aujourd’hui! Je le laisse filer, mes cuisses commencent à être dures et je ne veux pas prendre de risques.
Descente vers l'Argentiere avec vue sur le glacier
Malgré toutes ces précautions, ce que je craignais le plus finit par arriver: les vieilles blessures se réveillent et ma tendinite du genou se fait ressentir. Je ralentis au maximum jusqu’à être obligé de marcher. Il me reste alors 400m de dénivelé pour arriver à l’Argentière. Je me fais doubler par tous les coureurs que j‘avais passé, je peste….mais rejoins le ravito tant bien que mal en me demandant si @rno m’a attendu. Et effectivement, il est toujours là mon poto !
Voilà 15min qu’il m’attend. Alors qu’il a gagné plus de 40 places dans la descente, moi j’en ai perdu… une seule au final!! Je m’attendais à pire… Je lui explique ce qui se passe et lui dit de filer. Dans ma tête y a aucun doutes, je vais finir la course, mais je ne sais pas encore en combien de temps. Il me reste alors 15km / 1000m D+.
Je me ravitaille rapido et repars en direction du Tour, on enchaîne montées et petits toboggans, je cours et je ne sens pas le genou tant que ça ne descend pas. Passé le petit village j’attaque la dernière longue montée. Je prends mon rythme et revient petit à petit sur plusieurs concurrents, je me sens bien et mes cuisses ne me font plus mal et puis la vue sur la vallée de Chamonix est toujours aussi belle…
Je finis par basculer à l’aiguille des posettes (45km/ 4000mD+) en ayant repris une quarantaine de concurrents mais je sais que le plus dur est à venir : la descente vers l’arrivée. Je pars en trottinant mais je me remets à marcher au bout d’une minute… saleté de genou… j’alterne alors 1min de course / 1min de marche histoire de limiter les dégâts et ça semble fonctionner. Je finis par pouvoir courir doucement, je ne marche que lorsque la pente devient raide. La descente vers Vallorcine est assez longue, on est sur une grande traversée à flanc de montagne dans la forêt et on passe au-dessus du village. On entend alors le speaker et les gens crier, mais le sentier ne descend pas ! On continue à filer sur ce chemin en s’éloignant de plus en plus de la ligne d’arrivée. Un peu dur moralement, pourtant physiquement ça va : je cours de plus en plus, le terrain est de moins en moins accidenté et j’arrive même à reprendre quelques concurrents qui m’avaient passé en début de descente. On passe alors une épingle qui nous renvoie vers Vallorcine, le terrain décrit alors une succession de petites bosses qui nous amènent à l’aplomb du village. Je commence à savourer, la fin est proche, j’arrive encore à courir, j’ai le sourire, je l’ai fait ce sacré trail! Une grande descente à travers une prairie bien raide, une centaine de mètres sur le bitume et je passe la ligne d’arrivée après 11h23 de course en 294ème position.
Je rejoins @rno qui est arrivé une quarantaine de minutes plus tôt et fini à la 217éme place.
Le coquin en a même profité pour tailler une bavette avec le grand Dawa Sherpa.
On récupère notre médaille, on mange notre tartiflette et on rentre à la maison, avec des belles images pleins la tête, et surtout la grosse satisfaction d’avoir fini cette super course malgré quelques pépins.
Un dernier mot pour nos supporters qui nous ont suivi en live sur le net et qui nous ont tenu informés tout le long de la course de notre progression dans le classement. Tous ces SMS m’ont vraiment fait du bien pendant la course, ça donne le moral quand on sent du monde derrière soi ! C’est fou à quel point un simple « bip » qui resonne dans le sac peut nous rebooster lorsque on est en train d’en baver !
Olive
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