Saintélyon 2017 - Compte rendu d'Olive
2 décembre 16h : me voilà enfin à Lyon. Cela fait plus de 3 mois que j’attends ce moment et je suis partagé entre l’excitation du gamin qui va courir dans la neige et la peur d’affronter la mythique SaintéLyon qui cette année va se dérouler dans de vrais conditions hivernales.
En entrant dans la halle Tony Garnier, je tombe par hasard sur Laurent, un collègue de boulot qui lui aussi s’apprête à affronter le mythe de 72km/1900m D+. Il me propose de m’emmener jusqu’à Saint Etienne en voiture pour m’éviter de prendre la navette. Super ! L’attente sera beaucoup moins longue à 2.
Je retire mon dossard, prends une photo sous l’arche d’arrivée avec les filles et je file me mettre au chaud dans la chambre d’hôtel réservée pour la nuit en attendant que Laurent passe me prendre.
ça y est je suis prêt!!!!
A 22h nous arrivons au palais des sport de St Etienne : c’est la cohue, y a du monde partout et ça trépigne d’impatience en attendant le départ prévu pour 23h30.
Je finis d’enfiler ma tenue de guerrier en écoutant les conseils du speaker… apparemment y a de la neige jusqu’au 41eme kilomètre, il fait froid, moins 7 degrés à St Catherine, et y a du vent. Bref une vraie édition de la Saintélyon.
22h45 on va se mettre sur la ligne de départ… et on est déjà bien loin de l’arche !!!
Finalement il ne fait pas si froid que ça, massés comme des pingouins sur la banquise on se tient tous chaud.
Le speaker met de l’ambiance, le volume de la musique monte, 23h30 le départ est donné !!! enfin pour les premiers… le départ est donné par vagues pour permettre d’étaler les 6700 coureurs (5700 solos + 1000 relais) sur le parcours, du coup on avance petit à petit
On finit par passer la ligne vers 23h50. Ce coup-ci c’est parti !!!
On fait le premier kilomètre ensemble avec Laurent puis on se perd de vue, chacun prend son rythme comme prévu.
Les 7 premiers kilomètres de bitume dans St Etienne n’ont pour seul intérêt que d’étirer le peloton… bref c’est l’échauffement. On lâche alors le bitume pour s’engager sur les chemins, et là ça commence : on est entouré de champs blancs à perte de vue et on commence à monter progressivement. Je cours tout le temps les pentes sont faibles, on alterne les partie bitumes et chemins enneigés jusqu’au premier ravitaillement de St Christophe en Jarez, 16km / 1h44.
Etant donné que ça bouchonne un peu sur les chemins et que l’accès au ravito semble aussi compliqué que l’accès à la buvette du Prolé un soir de Feria (amis Nîmois bonsoir !!!) je décide de ne pas m’arrêter.
L’alternance chemin/ bitume continue mais on monte de plus en plus en altitude, il fait alors plus froid et le vent se lève. Sur certains chemins on court dans 15 à 20cm de neige, mais elle reste légère et ne mouille pas mes pieds donc ça va. Il fait froid, mais qu’est-ce que c’est beau !!! Le serpentin de frontales se fait de plus en plus long, au milieu des champs blanc c’est superbe… mais bon faut pas trop trainer parce que ça caille !!!
Une grande descente et me voilà à St Catherine : 28km / 3h17 de course, je me sens bien. Ce coup je dois m’arrêter pour refaire le niveau de ma réserve d’eau, mais je traine pas… le ravito est en extérieur, en plein vent et on patauge dans la neige fondue… ça y est j’ai les pieds mouillés…
Je repars direction le point culminant du parcours « le signal de St André » dans environ 10km. A partir de là se distingue 2 groupes de coureurs, ceux qui courent et ceux qui marchent… heureusement les chemins sont suffisamment large pour créer 2 voies…. Vu le monde on se croirait quand même un peu sur l’autoroute… je cours depuis plus de 30km et je pense pas avoir été éloigné d’un autre coureur de plus 3 mètres depuis le départ. Pour la communion avec la nature faudra repasser.
Bref je cours tant que je peux, même si il fait super froid, moi je n’ai pas froid mais je ne veux pas laisser descendre ma température.
On arrive alors sur les portions délicates annoncées par les organisateurs : les parties verglacées se font de plus en plus présentes : devant moi ça vole dans tous les sens… je ne sais pas combien de coureurs j’ai vu tomber… ma question alors n’est pas de savoir si je vais tomber, mais quand je vais tomber…
La montée vers le signal est raide, là y a pas le choix je marche, heureusement on est dans les bois et on sent pas le vent.
Plus j’approche du sommet plus j’entends du bruit, arrivé en haut il y a un groupe d’une quarantaine de personnes, chaud comme la braise, qui font un boucan d’enfer , tambour, cloches, cris et un grand feu de camp… je me sens comme un coureur du tour de France en haut d’un col !!! c’est top !
On attaque alors la descente vers le prochain ravito et là on joue les équilibristes, le chemin est raide, plein de dalles plates, et complètement verglacé sous une fine pellicule de neige. Personne ne court, on marche sur des œufs, je fais volontairement certains passages sur les fesses pour éviter de tomber. Mais voilà, malgré toutes les précautions prises je finis par jouer les filles de l’air à mon tour !!! Mes 2 pieds glissent, décollent et en une fraction de seconde me voilà en l’air… atterrissage totalement incontrôlé sur les fesses, je suis bien secoué mais pas de bobos. Je repars.
Nous voilà en bas de la cote à environ 500m du prochain ravito et comme annoncé par l’organisation, à partir d’ici, la neige disparait.
41km/ 5h17 de course: arrêt flash éclair au ravito le temps de prendre un thé chaud et ça repart toujours en courant.
On enchaîne alors chemin forestiers et routes entre les villages, il est 5h30 du matin et des gens sont là sur le bords de la route en train de nous encourager, c’est assez impressionnant de voir autant de monde malgré l’heure et la météo. Faut dire que certains groupes ont l’air d’être à l’apéro depuis la veille… ça doit aider à tenir le coup J !!!
51km/ 6h38 de course: avant dernier ravitaillement dans le gymnase de Soucieu en Jarrest. Un dicton dit que c’est à Soucieu que la course commence… ok mais on a déjà fait 50 bornes quand même !! Lorsque je repars du gymnase j’ai un peu froid, l’arrêt a été bref mais ça suffit à me refroidir. Une seule solution : courir même si les cuisses commencent à tirer. Comme prévu, la dernière partie de course est assez roulante avec très peu de côtes, le plus dur est de ne pas craquer et de ne pas commencer à marcher. Je regarde ma montre de plus en plus et je me rends compte que je suis dans les temps pour passer sous la barre des 9h de course. Le problème c’est qu’à force d’avoir les yeux rivés sur ma montre je ne regarde plus ou je mets les pieds, dans une descente mon pied se prend dans une racine : 2eme décollage de la nuit façon catapulte ce coup-ci avec atterrissage en roulé boulé… toujours pas de bobos, je m’en sors bien parce que j’ai l’impression d’être resté 1 minute dans les airs…
Je prends quand même le temps de lever les yeux, car le soleil est en train de se lever et nous offres des couleurs magnifiques et la ville de Lyon commence à apparaître sous nos yeux. Ça commence à sentir bon….
Je file jusqu’au dernier ravito que je passe sans m’arrêter 62km/ 7h52 de course, malgré le mal de jambes je garde un bon rythme et je garde encore l'espoir de pouvoir passer sous les 9h. Avec le recul je me rends compte maintenant que c'était bien ambitieux...Petit coup de fil à Caro pour lui dire vers quelle heure je pense arriver et ça repart au travers d’un parc arboré. Ça fait du bien un peu de verdure parce que les derniers km se faisaient presque uniquement sur le bitume.
Je continue sur le même rythme jusqu’à 5km de l’arrivée avant d’attaquer la dernière difficulté de l’épreuve, une côte de 400m de long à 20% de moyenne. Comme prévu la cote est bien raide mais elle passe sans trop de problèmes sauf que derrière ça redescend…. Et là les jambes disent non : j’ai 2 bouts de bois à la place des cuisses, chaque foulée est douloureuse, j’ai l’impression d’avoir divisé ma vitesse par 2, je continue à courir mais j’arrive pas à remettre du rythme… la cote m’a broyé les quadriceps…je vois la barrière des 9h m’échapper… c’est pas grave, je vais finir ma Saintelyon et je suis bien décidé à courir jusqu’au bout. Il est alors 8h30 et je réalise que c’est l’heure à laquelle les potes se lèvent : les SMS d’encouragement commencent à arriver en masse pour me pousser dans les derniers mètres !!! Vous tombez à point les amis c’est maintenant que j’en ai besoin !!! D’autant que les 5 derniers km font en fait 6km… petite surprise de l’organisation que de nous rajouter 1km pour tester une dernière fois notre mental !!!!!
L’ultime descente se conclue par 200 marches qui finissent d’achever mes cuisses et nous voilà sur les quais, on passe les 2 ponts par-dessus la Saone puis le Rhone et on file vers la Halle Tony Garnier. En rentrant je cherche du regard Caro et les filles mais impossible de les voir au milieu de la foule. Je passe sous l’arche, ça y est c’est fait, je suis finisher de la Saintelyon !!!
Une bise au speaker comme le veut la tradition pour ceux qui finissent leur première SaintéLyon et je tente de rejoindre ma petite famille dans la foule.
Je suis vidé, lessivé mais heureux.
Tout s’est passé parfaitement, une météo hivernale digne de la Saintelyon, de supers points de vue avec des serpentins de frontales, aucun bobos, pas de moments de galère, j’ai pu courir presque tout le long, bref le bilan est positif !!!
Plus que quelques mètres pour aller chercher la récompense ultime : la bière d’après course, et maintenant REPOS !!!
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